Interview Simon Le Bayon

Sociologue et ingénieur en Systèmes d'Information

Bonjour Simon. Pourrais-tu nous présenter ton parcours ?

Je viens de l’informatique, mais je me suis rapidement tourné vers le versant humain des technologies. J’ai passé un master en ingénierie des connaissances et en management des communautés. Après cela, c’est-à-dire, fin 2006 j’ai débuté une thèse de doctorat en sociologie du web.

Tu connais très bien les réseaux sociaux. Quels analyse fais-tu du paysage actuel dans le monde ? Quels sont les réseaux qui te semblent en difficulté, quels sont les réseaux qui marchent fort ?

C’est un univers encore jeune, mais qui a gagné en maturité. Néanmoins, c’est tout un exercice que de trouver la bonne focale pour s’y repérer. Le fait que les réseaux sociaux soient largement repris par les médias plus traditionnels alimente encore plus l’attention qui est prétée à toutes ces plateformes. Il y forcément les leaders que tout le monde connait, mais ce ne sont que les quelques arbres qui cachent la forêt. J'espère que des initiatives libres tels que diaspora ! pourront elles aussi se développer.


Les réseaux sont-ils plutôt sur-utilisés ou sous-utilisés ? Quels sont les nouveaux usages qui te paraissent pertinents ?


Ce qui est intéressant, c’est l’hybridation des réseaux sociaux avec des services plus ou moins anciens. La dimension sociale vient renouveler tout un tas d’activités qui existaient déjà, et progressivement de nouveaux usages apparaissent, un peu de façon chaotique. Google par exemple essaye de mixer son importante base d’utilisateurs de messagerie Gmail avec une fonction sociale (G+). Au regard des moyens investis, on peut se poser la question de la pertinence.


La population bretonne a-t-elle des spécificités ?

La Bretagne est une marque qui dispose d’un pouvoir symbolique fort, c’est un important signe de raliement pour celles et ceux qui s’y retrouvent.


Comment vois-tu l’avenir du web ? Est-ce qu’on peut un peu deviner les usages qui vont émerger/dominer des 5 prochaines années ?

Faire des estimations sur le web à 5 ans est une tâche plus que risquée. En tout cas je suis à peu près sur que l’on ne parlera plus de réseaux sociaux, mêmes si les préocupations resteront similaires, un autre buzzword aura pris le devant de la scène.

Par contre, les enjeux économiques et politiques sont désormais flagrants, les parties-prenantes sont nombreuses et puissantes. Je pense donc que l’avenir du web dépendra essentiellement des tentatives de régulations et de la capacité des acteurs à défendre leur point de vue et leurs espaces de liberté.

Le risque, c’est que le débat soit confisqué par les experts techniques alors qu’il est essentiel de faire du web et de l’internet un vrai sujet de société.


Merci Simon et à bientôt !

Merci à toi et longue vie à Breizhbook ;o)