(Tous droits réservés. Portrait publié dans le cadre du partenariat avec Breizhbook)

Jeanne Cherhal

Sweet Jane

En cinq albums, Jeanne Cherhal a su imposer sa voix dans le paysage de la chanson française. Elle sort aujourd'hui Histoire de J.

Par Alexandre Le Drollec Photo Emmanuel Pain

Le visage est doux et gracile, le regard franc et les cheveux légèrement ébouriffés. En couverture de son dernier album sorti au début du printemps, Histoire de J., Jeanne Cherhal a décidé de se montrer telle qu’elle est. Nature et sans fard. Le cliché a été pris à la volée par un ami photographe au détour d’une balade en Corse. “Je n’avais jamais osé le portrait. Sur mes précédents albums, j’étais soit loin de l’objectif, soit sous l’eau, soit très mise en scène dans un cerceau. Sur le premier, j’étais carrément de dos...” Mais parce que ce disque revêt un caractère quasi autobiographique, parce qu’il aborde des sujets plus intimes, comme le désir de maternité, Jeanne Cherhal a tenu à cette image. “On me voit comme je suis”, résume-t-elle. 

Même visage, même regard, même naturel. Comme échappée de cette couverture, trois semaines après la sortie de l’album, Jeanne Cherhal pousse la porte d’un café de Belleville, quartier de l’est parisien où elle a atterri il y a dix ans en provenance directe de Nantes. Elle avait 26 ans, elle en a maintenant 36. Elle avait les cheveux longs et des nattes qui lui conféraient une certaine candeur, elle s’en est affranchie et a depuis adopté une coupe à la garçonne. Elle était un jeune espoir de la scène hexagonale, elle est aujourd’hui de celles qui comptent dans le paysage musical français. 

Un mémoire sur max jacob

Jeanne Cherhal a grandi. Histoire de J. est son cinquième disque. Unanimement salué par la critique, il est aussi qualifié depuis sa sortie d’hommage à Véronique Sanson. La filiation est réelle, c’est vrai, entre ces deux artistes séparées par plusieurs générations mais réunies par cette même appétence pour le piano-voix. Mais elle est aussi un peu réductrice. À l’origine du malentendu, il y a ce concert donné en mars 2012 à Paris, au cours duquel Jeanne Cherhal reprend in extenso l’album Amoureuse de Sanson, sorti en 1972. “Découvrir, puis interpréter ce disque a été un déclic. Il m’a amenée vers d’autres artistes de cette période, que je connaissais peu. Des Français comme des Américains : William Sheller, Neil Young, Michel Berger. Finalement, je voulais que Histoire de J.
soit marqué par cette époque. Pas seulement par l’influence de Véronique Sanson.” 

Jeanne Cherhal est née six ans après la sortie d’Amoureuse, en 1978, à Nantes. Elle passe ses dix-huit premières années entre Erbray et Châteaubriant, deux communes perdues entre la cité des ducs et Rennes. Enfance heureuse à la campagne, un père plombier et une mère très occupée entre Jeanne et ses deux sœurs. C’est pour intégrer une fac de philo qu’elle “monte” à Nantes. Elle consacrera un mémoire à la poésie en prose de Max Jacob. “Une forme d’écriture qui me fascine. Pour moi, qui suis très attachée à la rime et aux vers, on est presque dans l’impossible, le magique.”

Nantes, “sa” ville 

Et puis un jour, l’étudiante se mue en artiste. Elle se met à écrire des chansons, à les interpréter au piano et à se produire sur scène. Les débuts prennent parfois l’allure d’une galère. Elle se souvient de ce tout premier concert dans un restaurant universitaire, devant des étudiants plus occupés par leurs
plateaux-repas que par la fluette chanteuse assise devant son instrument. Mais elle insiste, persiste. Finit par se faire un nom et enregistre un premier live autoproduit en 2001, sur la scène de l’Olympic, à Nantes. Deux ans plus tard, elle signe chez Tôt ou tard et sort Douze fois par an, disque qui la révèle au grand public. En 2005, elle obtient une Victoire de la musique. La carrière est définitivement lancée. 

Une dizaine d’années a passé depuis ses débuts et Jeanne Cherhal a toujours le regard porté vers l’ouest. Vers Nantes bien sûr, “sa” ville. Celle de Barbara aussi, qu’elle n’oublie jamais de citer comme sa grande référence. Mais aussi – et ça c’est nouveau – vers le Finistère, terre d’inspiration à laquelle elle a consacré un titre d’Histoire de J

Une partie de l’album a été écrite là-bas. “J’ai loué pas mal de gîtes ici et là. Je me souviens d’un séjour vraiment fructueux. J’étais à Pont-Aven, chez un couple de retraités, et je suis revenue avec deux chansons. Dans le Finistère, je me sens chez moi. Pourquoi ? Je ne sais pas. Je ne suis pas du tout de là-bas, je n’y ai pas de pied-à-terre et je n’y ai jamais vécu. Mais j’ai cette impression, dès que j’y retourne, de rentrer à la maison.” 

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