Les élus de Rennes et le cabinet du Maire viennent de confirmer l'orientation définitive de leur programme politique pour les années à venir…

Après une nuit passée dans un gymnase glacial, la soixantaine de migrants qui occupait une infime partie de l'école Léon Grimault depuis 26 heures a été évacuée par les forces de l'ordre à la demande de la Ville de Rennes mercredi 3 avril 2013 soir vers 20h00.

 

L’élu de quartier, Frédéric Bourcier, (adjoint au Maire de Rennes (urbanisme et aménagement), Conseiller Général de Rennes Le Blosne, PDG de la SADIV et Socialiste), excusez du peu mais tel que décrit sur son profil Tweeter,  visiblement trop occupé au point de ne pas satisfaire à ses obligations que lui confèrent ses mandats, avait déclaré préalablement au téléphone, ne pas être disponible pour aller à la rencontre des familles et refuser de répondre au questionnement des parents d’élèves et enseignants, tout en affirmant que cela serait fait par communiqué de presse le lendemain.

Ce refus immédiat et catégorique illustre un musèlement total de l’élu ou l'absence de toute opinion personnelle, de convictions éthiques ou morales quant au devenir de familles à la rue sur sa circonscription.

 

Si l’expulsion était acquise, restait à mettre en scène la classique opération de communication et de la programmer au moment opportun. Chose faite.

 

La mise à l’abri des personnes en détresse, quelle que soit leur situation, est une obligation légale et inconditionnelle. Toutefois, les élus de la Ville de Rennes et la préfecture se sont accordés durant ces 26 heures pour définir et remodeler le droit à l'hébergement d'urgence à leur guise. Des propositions particulièrement restrictives, sans aucune justification administrative ou juridique. Seules les familles considérées comme demandeur d'asile ayant un enfant de moins de 3 ans seront susceptibles d'être hébergées. Une dérive profondément choquante, indigne de tout représentant d'un état de droit, élu ou nommé, en adéquation avec les thèses extrémistes prétendument combattues au nom de l'idéal républicain mais dont on s’accommode de plus en plus ouvertement. Ce qui semble être considéré comme acceptable aujourd'hui pour les quelques centaines de sans-abri (migrants ou pas) de cette ville, le sera demain pour les nombreux laissés-pour-compte que laisse entrevoir la crise économique persistante. La suppression ou la réduction des droits des plus faibles est déjà de rigueur dans plusieurs pays européens. Les élus de Rennes et le cabinet du Maire viennent de confirmer l'orientation définitive de leur programme politique et leur conception de l'action publique pour les années à venir. 

Au-delà de cette pratique dorénavant assumée de combattre les miséreux plutôt que la misère, la préfecture et ses interlocuteurs rennais ont démontré une nouvelle fois leur incompétence ou leur cynisme. Proposer ou laisser supposer l'ouverture de places supplémentaires, avec les restrictions arbitrairement imposées préalablement

citées, aux seules personnes figurant sur une liste établie 15 jours auparavant lors d'une situation similaire, sans rapport avec l'action en cours, quand aucune n'est présente, révèle pour le moins l'absence de réactivité de mise en œuvre face aux situations d'urgence ou un simulacre d’intérêt parfaitement orchestré.

 

La Ville Rennes objectera comme un leitmotiv que l’hébergement d'urgence des migrants n'est pas de son ressort mais avoir cependant beaucoup contribué concernant cette problématique. Une vérité très relative comparée aux subventions accordées au forum de Libération depuis sa création, aux frais de bouche et autres agapes durant une mandature, aux sommes allouées à la communication publicitaire de l'action municipale. Tout comme le refus inqualifiable de prendre en compte sans critères discriminatoires le devoir d'action sociale pour tout habitant domicilié sur la commune , qui plus est  lorsque des enfants sont concernés.

 

Une nouvelle fois la Ville de Rennes n'aura rien cherché à obtenir ou exiger de la préfecture autre que son appui logistique et la défense de ses intérêts immobiliers nullement menacés. Sous le gouvernement précédent, les élus de cette ville clamaient leur innocence quant à leur participation active à la dégradation des conditions d’accueil des migrants. Aujourd'hui on en a la certitude. Les limites de leur action ne sont pas d'ordre pratique mais politique et idéologique. 

 

Yannic Cottin

 

 

 

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