Bonjour Agnès, commençons par les présentations. Quel est votre parcours ?

Bonjour Corentin et les lecteurs de Breizhbook !

Je suis née en 63 à Paris de parents travaillant pour le cinéma et la télévision ; ma mère comme monteuse film et mon père comme assistant réalisateur sur des émissions de divertissement et de variétés (Intervilles, Rendez-vous du dimanche...)
Après un bac littéraire j'ai passé quelques mois en faculté de lettres modernes à Nanterre puis ai intégré l'équipe du magazine Lire dont Bernard Pivot était le directeur de la rédaction. Sous sa houlette j'ai co-organisé les premiers Dicos d'Or, jeu culturel qui s'achevait sur la "fameuse" dictée de Pivot.
Après cette formidable aventure, Pivot étant un homme d'une grande simplicité et d'une grande courtoisie, j'ai effectué quelques missions pour d'autres magazines nationaux avant de travailler comme assistante marketing ou publicité dans des multinationales.
Après plusieurs années sur Paris et deux ans dans les Hautes Alpes, en 2005 je m'installais avec mon compagnon et nos quatre enfants dans le Morbihan. D'abord à Vannes, puis à Lorient. C'est à cette époque-là que je me suis remise à écrire. En 2009 sortait Gambetta-limonade, un roman policier sur fond de critique sociale qui a fait couler beaucoup d'encre, une petite partie des habitants de la vallée décrite dans ce roman voulant me faire passer de vie à trépas ! Depuis, 5 autres textes ont été publiés, soit dans des ouvrages collectifs, soit à titre personnel. Le dernier, paru en mars 2012, s'intitule "La légendaire et méconnue histoire d'Owein Tenby"

Pourriez vous nous présenter votre nouveau livre : "La légendaire et méconnue histoire d'Owein Tenby" ?

Comme beaucoup de gens, j'ai très tôt été imprégnée des légendes celtes et particulièrement du cycle arthurien. Mais c'est en lisant Le Mabinogion - un recueil de récits gallois pré-arthuriens- que j'ai eu envie de raconter une histoire chevaleresque, où se mêleraient réalité et surnaturel. Une histoire qui serait à la fois inspirée des légendes celtes mais dans laquelle on trouverait aussi des morceaux de l'histoire de la Bretagne et du Pays de Galles (puisque le Tenby est Gallois), où l'on croiserait des créatures fantastiques qui ne figurent pas forcément dans les autres romans dits d'heroic fantasy, comme Tourc'h le grand sanglier blanc qui garde entre ses oreilles les trois objets sacrés ou les Goborchinds, hommes à tête de chèvre. J'ai aussi voulu réhabiliter Morgane, trop souvent considérée comme une affreuse sorcière cruelle et arriviste.

Tenby est mécanicien de marine, il arrive de nuit en terre bretonne après le mystérieux naufrage du chalutier sur lequel il travaillait. En longeant un chemin côtier il aperçoit une curieuse demeure qui semble abandonnée, et pourtant un instant il croit discerner une faible lumière. Ce manoir dans lequel se sont déroulés plusieurs évènements funestes au fil des siècles servira de toile de fond à ses aventures.
Les personnes qu'il va rencontrer les heures et jours suivants semblent, pour certaines, l'attendre ou savoir qui il est.
Peu à peu, et après divers incidents et rebondissements, sa véritable histoire va le rattraper. Et pour continuer de vivre libre dans le présent, il n'aura plus d'autre choix que d' acomplir sa destinée dans un lointain passé où l'attendent oncle fratricide, druide malfaisant et horde de mercenaires et barons félons... Mais l'aide viendra peut être de quelques valeureux chevaliers et combattantes aux pouvoirs surnaturels ?

Où peut-on le trouver ? Prévoyez-vous des séances de dédicasse ?

En librairie, à la FNAC (boutiques et site internet), sur Chapitre. S'il n'est pas disponible, il est toujours possible de le commander, les délais d'expédition sont assez rapides.

Je serai au Quai du Livre durant le Festival Interceltique de Lorient, le 5 août toute la journée (stand n°15 au centre de l'allée), peut être à la librairie Sillage de Ploemeur courant août (date à confirmer), et en octobre, à Carhaix (là encore la date est à préciser !)

Extraits :

"Il laissa la place, tourna à l’angle d’une pâtisserie pour suivre une courte rue qui rejoignait une artère flanquée de longues habitations sans balcon ni jardin. Près des entrepôts, l’odeur du poisson frais, les oiseaux de mer regroupés au-dessus d’un hangar, lui indiquèrent quelle direction prendre. La dernière ruelle déboucha sur le quai Eric Tabarly. Des pavés gris et des bollards, un embarcadère vide, des chalutiers le long de docks flottants, quelques voiliers de l'autre côté de l'anse. Il marcha, indifférent aux gens qu'il croisait. Menton baissé, mains dans les poches, comme ramassé sur lui-même, il ressemblait à ces guerriers de pierre massifs et inquiétants croisés vingt huit ans plus tôt."
***

"Dans les couloirs, dans la haute cour, le long des murailles, sur le chemin de ronde, ce n'était que marches incessantes et vociférations. Pelotonné dans ce large fauteuil où jadis
s'asseyait fièrement son père, il ressassait sa vie et maugréait. Baldwin Cynowulf. Ce nom suffisait à le faire tressaillir. Premier de tous les seigneurs gallois ayant réussi à fédérer et apaiser plusieurs provinces, il s'était montré intraitable avec ses ennemis, généreux avec ses amis. Son peuple, malgré un fort caractère indépendant, un goût prononcé pour la bière et l'hydromel et une solide charpente, n'était pas plus bagarreur ou vindicatif que les autres peuples celtes.
De cela, marmonnait Gereint en s'enveloppant davantage dans une couverture de fourrure aux reflets bruns, ne restait qu'un vaste territoire peuplé de serfs et d'artisans mécontents, de vassaux aussi intrigants qu'ils étaient insatiables et sectaires."