Aujourd’hui je me suis questionnée sur les traces que nous laissions sans cesse sur l’océan du Web. Notre navigation, vague après vague, laisse des marques de nos passages. Comme dans « L’écume des jours » mais sans y percevoir encore les marécages… (B.Vian, 1947)

Tout est pisté, à nos dépens, sans même que nous en ayons conscience et nous sommes, comme le voilier qui par vent faible, se laisse porter par les flots.

Une vie sur l’eau peut elle passer plus inaperçue que nos vies sur le web ?

Je vous parle d’abord de notre vie mobile, celle qui nous attache à notre objet, car lui ne s’attache pas à nous. Si vous l’ignoriez, désolée de vous décevoir car cet artefact devient vite obsolète, sa durée de vie atteint le stade de maturité en moins d’un an, à présent…

Notre voilier est donc un Android ou un IOS et selon le choix que nous croyons faire, nous montrons notre pomme ou prônons pour la liberté. Enfin, c’est ce qu’ils nous font croire…

Liberté, quel bien grand mot !
Imaginaires…

Nous pensons être libre, nous croyons tout savoir, tout maîtriser, nous faisons confiance, nous nous informons, soit disant... 

Et notre vie sociale ?

Nous embarquons avec nos amis, les amis de nos amis, parfois le public, que nous ne connaissons pas… Nous savons que nous pouvons laisser à quai certaines connaissances, voire, quelques méconnaissances, débarquées là par hasard... Et parfois, sans le savoir, quelqu’un s’invite sur notre coque alors on bloque et on se dit :

Pirate !
Ils ont pris notre identité… alors nous traçons, au fil de l’eau, pour aller nous changer les idées : un ciné, un livre, de la musique, un musée… une île déserte pour s’isoler.
L’écran devient noir, alors qu’il était noir de monde, il se noie dans les profondeurs algorithmiques.
Nous ne savons plus effacer, notre carte de route s’est envolée, nous naviguons à l’aveugle, nos traces sont partout… et au rythme des objets connectés, nous sommes sollicités, partout…  

Enfin, notre vie culturelle, parlons en !

De Spotify à Deezer, nous prenons la vague, tel un surfeur, nous nous accrochons à l’Amazon pour finir chez Cdiscount… Rien n’est offert, chaque goutte de clic rapporte des lingots et le GAFAM se gave, telle une baleine avalant du plancton. Le musée en ligne nous fait oublier d’y aller, la bibliothèque en ligne nous prive de son odeur, le cinéma en ligne nous embobine des heures…

Souhaitez vous continuer à naviguer à l’aveuglette ?
Ne voyez vous pas que l’océan est plat ?
Plongez maintenant et fouillez les profondeurs des mers, vous y verrez des trésors mais vous y percevrai aussi d’autres choses…
Le Web est comme un iceberg, on n’y voit que la surface, Microsoft ne me contredira pas.
Son océan est immense, il faut APPRENDRE à l’apprivoiser pour ne pas y sombrer.

"Le véritable voyage, ce n'est pas de parcourir le désert ou de franchir de grandes distances sous-marines, c'est de parvenir en un point exceptionnel où la saveur de l'instant baigne tous les contours de la vie intérieure."
Saint-Exupéry ou l'Enseignement du désert (1956)

Je vous souhaite un beau voyage, revenez quand vous voulez ;)

Joëlle