Bonjour.

Chaque "Plou" à sa recette et dans chaque village chaque grande-mère et chaque mère à sa façon de le préparer, ce qui n'est pas s'en provoquer quelques murmures. Pour mettre fin à ces vaines querelle, une recette présentée par un groupe Brestois pas triste. Je donne la recette tel qu'elle, car le texte est truculent et le résultat succulent.

Recette du kig ha farz :


Avertissement : 

La recette du kig ha farz n'existe pas et ne peut pas exister, car il y a autant de recettes qu'il y a de Léonards. Chacun vous donnera la sienne qui est forcément la meilleure.

 

Matériel minimum requis  :

Un fait-tout
Une source de chaleur disponible au moins 4 heures
Un sac de toile épaisse pas neuf (usagé)
Un bout de ficelle

 

Temps de préparation  :
Pour le far une quinzaine de minutes selon la musculature
Pour les pluches prévoir un temps variable en fonction du sujet de conversation
Pour la cuisson, quelques heures (peut varier selon la partie de dominos)
Pour le tour de main, prévoir quelques générations.

 

Ingrédients obligatoires  :
De l'eau, tant que tant.
Farine de blé noir.
Du beurre salé ou du saindoux ou de la crème fraîche ou de la margarine ou tout en même temps (dans ce cas prévoir un temps de digestion plus long !)
Un bout de viande de cochon (ou de porc si vous n'avez pas mieux !)
Des oignons et des légumes.

 

Ingrédients facultatifs  :

Farine de froment et sucre, un œuf, raisins secs, viande de bœuf avec os à moelle, saucisson à cuire ou saucisse (dans ce cas prévoir un jumelage avec une zone de production : Morteau c'est déjà pris !)

Ingrédients proscrits  :

Merguez, ail, riz, bouillons divers, mauvaise humeur, nuoc mam et ketchup.

Au boulot  :

Préparez le far ou les fars. Pour le far noir mélanger la farine avec de l'eau et du gras. Il faut que la pâte soit onctueuse mais pas collante. Mettez-la dans le sac de toile que vous aurez pris soin de faire tremper dans un peu de bouillon. Chassez l'air (important !) et fermez (plus important !) avec la ficelle prévue ci-dessus.

Pour le far blanc c'est pareil mais avec la farine de froment !

Épluchez soigneusement les légumes mais ne les coupez pas en trop petits morceaux. Mettez-les dans le fait-tout, à feu doux, avec la viande sans oublier de recouvrir le tout d'eau. 

Au bout d'une demi-heure de cuisson, plongez délicatement (attention c'est chaud !) le ou les sacs dans le bouillon frissonnant (c'est beau !) couvrez et laissez cuire doucement pendant quelques heures.

 

Attention : si vos convives sont en retard n'arrêtez pas la cuisson pour la reprendre pendant l'apéro ! Votre far partira alors en bouillie et la honte sera sur vous et sur votre descendance pendant quelques siècles.

Pour servir plusieurs solutions s'offrent à vous  :

Avant de sortir le far du sac, si vous roulez le tout avec les paumes de la main, vous aurez le far dit :  «bruzunog» c'est à dire en miettes.  C'est une école ! Si vous le sortez et le coupez en tranches vous aurez le far dit : «farz a-bezh» ou far entier. Ce qui est une autre école !

Il en va de même pour le far blanc (que vous pouvez consommer froid plus tard en dessert !)

 

Quid du fameux «lipig» ?  :

C'est du beurre fondu dans lequel vous délayez un peu de bouillon de cuisson et que vous agrémentez d'oignons (de Roscoff evel just !). Vous laissez confire le tout et vous le servez en accompagnement. Cet élément ne fait pas l'unanimité surtout dans le corps médical qui essaie vainement de le faire classer comme huitième pêché capital ! 

 

Le rituel  :

C'est le niveau de cuisson qui détermine l'horaire du repas et non pas le contraire. Au bon moment les convives se placent derrière l'assiette qui leur a été attribuée, on sert la soupe et après l'ingestion de celle-ci, les légumes, la ou les viandes, le ou les fars sont mis sur la table et chacun se sert comme il l'entend. 

Pour qu'un kig ha farz soit déclaré réussi il faut qu'à la fin du repas, votre grand mère, décédée il y a une quarantaine d'années, entre par la porte de la cuisine en vous demandant : diskenn a ra ? (ça descend ?). Si ce n'est pas le cas c'est que vous n'avez pas respecté scrupuleusement sa recette ! Vous n'avez plus qu'à recommencer.

 

Voilà donc la recette improbable du kig ha farz !

 

PS et re PS : 

Une : ne demandez jamais à un breton où on trouve le meilleur kig ha farz. Le meilleur c'est celui de Mémé, voire de maman, voire de la belle mère !

Deux : si vous n'avez pas de Mémé bretonne demandez à un breton (ou à une bretonne !) de vous prêter les siennes (il en a généralement deux !). Chez nous on se prête les grands-mères, à condition de les restituer après usage.

 

Source : Les Goristes

 

Jean-Louis.

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Commentaire de Jean-Louis Guillou le 20 mars 2012 à 11:01

Bon appétit tout le monde

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