Dans quelques jours,  les habitants de l’Ecosse se déplaceront aux urnes pour exprimer leur opinion sur leur indépendance du gouvernement de Westminster. Le 19 septembre 2014 au matin, nous saurons si le Royaume-Uni existe encore ou bien s’il doit être dissout pour le 24 mars 2016, date anniversaire de la signature de l’union en 1707.

Du coup comment comprendre ce referendum? J’habite à Edimbourg depuis peu - mon père est écossais et ma mère est bretonne. Si j’ai probablement déjà échangé sur l’indépendance de la Bretagne autour d’une Coreff sur un comptoir de village, les discussions en restent le plus souvent là et on en est loin pour l’instant. En revanche, jeudi prochain je voterai “oui” dans mon bureau local écossais - le mouvement séparatiste est porteur d’espoir pour les générations à venir et permet de facto de modifier la politique Londonienne de manière définitive. Même si le premier ministre écossais Alex Salmond ne fait pas l’unanimité, il convainc de plus en plus d’électeurs à faire le pas vers l’indépendance.

En attendant, le gouvernement de Westminster multiplie les boutades, semble vraiment n’avoir pas compris pourquoi nous souhaitons être indépendants et nous considère souvent comme des braveheart en kilts qui boivent du Whisky au petit déjeuner (euh...!). La réalité est tout autre. Même s’il y a une touche de nationalisme dans l’air, nous soutenons l’indépendance à la poursuite d’un idéal de société - plus juste, plus équitable et sans arme nucléaire.

A l’inverse, Londres est en train de privatiser le NHS, défend le droit des banquiers de toucher des bonus exorbitants sur le dos d’expropriation ou de cartes de crédit vendues à tort et prévoit de réinvestir 100 milliards de livres sterling dans leurs sous-marins nucléaires, amarrés en Écosse. Tout cela se fait alors qu’un tiers des enfants de Glasgow vivent en dessous du seuil de pauvreté - situation déplorable ou inacceptable?

Pourtant l’Écosse est riche - c’est la troisième région la plus riche en termes de revenus après Londres et le sud-est de l’Angleterre, et l’Écosse reste un contributeur net aux impôts de la Grande-Bretagne (en moyenne un écossais cotise 5% de plus qu’un anglais). Il y a du pétrole, du whisky, des nouvelles technologies, des énergies renouvelables (plus de 50% de l’énergie que nous utilisons provient de l’air ou de l’eau), les meilleurs steaks du monde et du tourisme. Londres prétends néanmoins que ce sera le cataclysme et que nous perdrons tous nos emplois - si Paris disait à la Bretagne que les Bretons étaient des bons à rien et qu’ils n’avaient pas la capacité de gérer leurs affaires tout seuls, comment réagiriez-vous?

Se posent donc un certain nombre de questions fondamentales et c’est sur ces sujets que le referendum divise. La livre sterling pourra-elle être utilisée par les écossais? David Cameron a dit non - impossible parce que gneugneugneu et gneugneugneu! Tout le monde croit au Bluff, d’autant qu’il existe beaucoup d’autres solutions (nouvelle monnaie flottante ou bien indexée sur la livre ou l’euro, adhérer à l’euro...).

Quant à l’Europe, certains dignitaires Européens ont jugé utile de dire que l’Écosse ne pourra faire partie de l’Europe immédiatement et qu’il faudra suivre le processus comme si nous n’étions pas déjà européens, avant même qu’il n’y ait eu un débat auprès des députés Européens. Dans ce cas quel est le message envoyé à l’ensemble des régions d’Europe qui pourraient souhaiter devenir indépendantes (Écosse, Catalogne, pourquoi pas la Bretagne...)? Que l’Europe c’est pour les grands? En tout cas ce ne serait pas démocratique, d’autant que les écossais sont beaucoup plus Europhiles que le reste du Royaume-Uni donc pourquoi se les mettre à dos?

Jeudi prochain je me déplacerai aux urnes, probablement très tôt histoire de sentir le vent tourner. Je vote aussi car je crois très fortement que c’est le seul moyen de changer la politique actuelle, que ce soit en Grand Bretagne ou ailleurs. C’est le seul moyen de remplacer l’immobilité politique actuelle qui se contente de faire la même chose sans proposer l’évolution de notre société. C’est aussi le seul moyen pour les écossais de décider sur quoi ils souhaitent dépenser leurs impôts - des médicaments ou bien des bombes?

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Commentaire de olory le 11 septembre 2014 à 13:13

Gwir eo...Kontant on evidout met eo ret gouzout pe welet ar pezh he deus graet Bro C'hall e-kenver ar Vro Vreizh memestra...Na zisonjit ket...!

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