La nuit est belle et nous progressons en riant sur la route. Nous sommes une petite dizaine, des jeunes et des moins jeunes. En réalité, nous sommes seulement deux adultes. Les autres ont moins de neuf ans. Ils sont tous frères, sœurs et cousins car cette expédition se passe en famille, à l'époque où la famille avait encor un sens.

Le soleil a laissé quelques traces et il fait encore chaud. Nous sommes prudents et nous avons tous pris une petite laine. Ce soir, certains d'entre nous vont découvrir l'inconnu, très connu ailleurs et moins connu dans cette forêt. Nous sommes en plein cœur de la forêt de Brocéliande et nous allons peut-être avoir la chance de LE rencontrer ce soir.

IL est familier pour les habitants d'autres régions françaises. Son nom importe peu car sa légende est vivace. Les anglo-saxons pourraient la qualifier de "Urban Legend" car c'est bien de cela qu'il s'agit. Sauf que de ville point n'est question. Nous sommes véritablement à la campagne. Il paraît même que certains se seraient perdus dans le Val Sans Retour. On dit tellement de choses...

Sur LUI également, les légendes courent. Finalement, on sait peu de choses sur son existence. On l'appelle parfois Tamarou - et non tamalou, expression humoristique et un peu caustique vis-à-vis des personnes plus si jeunes. Donc tamarou peut être son nom, tout comme rülbi ou encore darou. Pour moi, c'est le dahu ou dahut. Finalement, peu importe l'orthographe ou le nom de cet animal mythique. J'ai même entendu ma grand-mère l'appeler le "taow"...que je ne sais pas écrire, ne l'ayant jamais vu écrit sur papier. En réalité, je ne l'ai même jamais vu en vrai. C'est un secret bien gardé depuis des générations. Cet animal aurait deux pattes plus longues d'un côté du corps pour ne pas tomber en haute montagne. Chut...

Cette soirée est à la fois historique et initiatique. Nos jeunes invités, les enfants et petits-enfants de la famille, sont excités. Ils ont suivi nos consignes à la lettre et sont tous habillés en blanc. Les plus jeunes ont cinq ans et les plus grands neuf ans. Ils portent évidemment l'objet indispensable pour cette chasse pas comme les autres: le fameux sac blanc. Nous les adultes, par tradition, nous portons des habits sombres. Cette chasse n'est pas pour nous. Aujourd'hui, nous serons les rabatteurs.

Mon comparse de l'époque se lance sur une piste. De mon côté, j'en suis une autre. Nous avons demandé aux enfants de rester à un emplacement très précis. Nous avons des lampes électriques puissantes, au cas où. Il ne s'agirait en effet pas d'égarer quelqu'un en ce jour particulier.

Soudain un cri jaillit. L'autre adulte crie, il appelle à l'aide "au secours..." et je me précipite vers cet appel. De l'autre côté, du côté des enfants, c'est la panique. Ils sont seuls et ne savent pas trop quoi faire. Heureusement, les plus grands connaissent bien le coin. Ils savent retrouver leur chemin. Ils sont méfiants car un sanglier pourrait bien surgir et il s'agirait pas de le croiser. Je crie à mon tour et nos deux cris se mêlent avant de s'éteindre...

Aussi incroyable que cela puisse paraître, les enfants retrouvent leur sang-froid et leur chemin vers le salut. Alors qu'ils s'apprêtent à quitter la forêt, nous, les deux adultes, surgissons de nulle part. Soulagement, embrassades, nous sommes tous sains et sauf. C'est le retour dans la chaleur de la maison où les mamans accueillent leurs jeunes aventuriers à bras ouverts. Il sont véritablement courageux, et c'est l'heure de l'explication...

Amis lecteurs, ne vous y trompez pas. Ce n'est pas ici que vous trouverez ce qu'il est convenu d'appeler un « spoiler ». Allez, bonne ballade à vous dans cette forêt de légende...si un jour vous avez envie de connaître l'aventure.





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